Double nationalité : Quel pays l’interdit ? Les réponses

Double nationalité : Quel pays l’interdit ? Les réponses

L’Inde ne laisse aucune place au doute : acquérir une nationalité étrangère, c’est perdre automatiquement la citoyenneté indienne. En Chine, le principe va encore plus loin, la double allégeance n’existe pas, même pour les enfants nés à l’étranger. Certains pays, à l’image de la Norvège jusqu’en 2020, ont longtemps imposé l’exclusivité de leur passeport avant d’assouplir leur position.

Dans le monde, plus de quarante États maintiennent des restrictions sévères, parfois même une interdiction pure et simple. Les effets concrets varient considérablement : perte directe de la citoyenneté initiale, impossibilité d’accéder à un héritage, ou exclusion de certains droits civiques. À cela s’ajoutent des démarches administratives souvent complexes et des conséquences en matière fiscale, chaque pays défendant ses propres règles.

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Comprendre la double nationalité : définitions, avantages et limites

La double nationalité correspond à la reconnaissance par plusieurs États d’une même personne comme citoyen. Cette situation naît du droit de la nationalité et recouvre à la fois la naissance, la filiation, le mariage ou la volonté individuelle d’appartenir à deux pays. En France, ce choix ou ce fait concerne plus de trois millions de personnes, conséquence de trajectoires familiales multiples et de mobilités qui redessinent les frontières privées.

Les bénéfices liés à la double nationalité sont concrets. Voyager devient plus simple ; l’accès à l’éducation, à l’emploi ou à la vie politique s’élargit selon les lois en vigueur. Un citoyen franco-portugais, par exemple, peut participer aux scrutins locaux dans les deux pays et bénéficier de la protection consulaire de chacun en cas de besoin. Cette multiplicité d’appartenance s’avère aussi précieuse lors de crises ou de difficultés à l’étranger.

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Mais cette réalité ne va pas sans contraintes. Plusieurs États refusent la double citoyenneté ou l’assortissent de conditions strictes. En Inde ou en Chine, la loi sur la nationalité prévoit la perte automatique de la citoyenneté d’origine si une autre est obtenue. D’autres imposent des exigences parfois contradictoires : service militaire obligatoire, fiscalité complexe, ou restriction à certains métiers publics. Les doubles citoyens se retrouvent alors face à des systèmes juridiques parfois inconciliables, et il n’est pas rare que leur identité nationale soit contestée.

Au-delà des textes, la double nationalité bouscule la notion d’appartenance. Entre racines et intégration, certains y voient la richesse du métissage, d’autres y lisent un dilemme permanent. Ce statut dépend toujours des choix politiques et historiques de chaque État, reflet d’un équilibre mouvant entre ouverture et souveraineté.

Quels pays interdisent ou restreignent la double nationalité ?

La double nationalité a longtemps suscité la méfiance. Pour de nombreux gouvernements, elle reste associée à une loyauté divisée. Aujourd’hui encore, le paysage mondial n’est pas homogène : si certains États la reconnaissent pleinement, d’autres la réprouvent ou l’enserrent dans un cadre rigide.

En Inde, la règle est claire : toute acquisition d’une nouvelle nationalité entraîne la perte de la citoyenneté indienne. En Chine, la politique ne laisse aucune place à l’ambiguïté. La Norvège, qui a longtemps imposé le choix unique, n’a ouvert la porte à la double appartenance qu’en 2020. À Singapour, aucune flexibilité : la double nationalité n’est permise qu’aux enfants, qui doivent trancher à leur majorité.

Sur le continent africain, certains pays tels que la République Démocratique du Congo s’opposent frontalement à la double nationalité, invoquant la sauvegarde de la souveraineté nationale. En Arabie saoudite ou au Qatar, la pluralité de passeports ne se conçoit que dans de très rares exceptions, souvent au gré d’intérêts étatiques.

À l’opposé, une grande partie de l’Europe occidentale, ainsi que le Canada, le Portugal ou le Luxembourg, permettent la double nationalité sans restriction majeure. Mais chaque code de la nationalité garde ses propres nuances, héritées de l’histoire et des choix de société de chaque pays.

Zoom sur les démarches administratives pour obtenir ou conserver une double nationalité

Obtenir ou garder une double nationalité implique de suivre des procédures dictées par la loi nationale de chaque pays. Rien n’est automatique : chaque État impose ses propres obligations administratives et ses délais.

Voici les principaux modes d’accès à la nationalité :

  • Naissance sur le territoire ou par filiation
  • Mariage avec un ressortissant du pays
  • Procédure de naturalisation, souvent longue et exigeante

Les dossiers exigent généralement des documents précis : acte de naissance, justificatifs de résidence, attestation de maîtrise de la langue, preuve d’intégration. La procédure s’accompagne d’enquêtes de sécurité, parfois d’entretiens. La France, le Canada ou le Portugal disposent de dispositifs adaptés à la double nationalité, prenant en compte la composition familiale ou d’éventuels accords bilatéraux.

Pour conserver ce statut, certains pays imposent des déclarations régulières, ou exigent de ne poser aucun acte manifestant une volonté de renoncement. Dans certains cas, la perte de nationalité est automatique : ainsi, un citoyen congolais naturalisé à l’étranger perd immédiatement sa citoyenneté d’origine.

Les personnes concernées doivent aussi veiller à connaître leurs droits et devoirs dans chacun des pays : emplois publics, fiscalité, service militaire. Les démarches administratives, souvent laborieuses, témoignent de la complexité de la nationalité double dans un monde où les frontières se déplacent.

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Fiscalité, obligations militaires et autres conséquences à connaître

Disposer d’une double nationalité emporte des conséquences qui dépassent le simple statut juridique. La fiscalité, en particulier, s’avère parfois piégeuse. Certains pays, comme les États-Unis, imposent leurs citoyens partout dans le monde : un binational franco-américain devra donc remplir des déclarations fiscales dans chacun des deux pays. Le risque de double imposition est réel, même si des conventions entre États permettent parfois d’éviter le cumul.

Les obligations militaires constituent un autre enjeu. En Grèce, par exemple, même un citoyen disposant d’une autre nationalité reste soumis au service militaire obligatoire. En France, le service militaire a disparu, remplacé par une journée citoyenne, mais dans d’autres contrées, les exigences persistent. Les doubles citoyens doivent alors naviguer entre des obligations qui peuvent se contredire : exemption dans l’un, devoir dans l’autre.

Concernant les carrières, des restrictions professionnelles existent dans certains secteurs sensibles. Magistrature, diplomatie, défense : l’accès peut être limité, et il arrive qu’un employeur exige de choisir entre ses nationalités. Ces règles répondent à des préoccupations de sécurité ou de loyauté nationale.

Enfin, la perte de nationalité peut survenir sans avertissement si une nouvelle citoyenneté est acquise en méconnaissance des règles du pays d’origine : certains États appliquent une radiation immédiate, parfois irréversible. Avant de s’engager, mieux vaut donc décoder chaque texte, chaque subtilité. Car dans ce domaine, la légèreté se paie cher.

Pour beaucoup, la double nationalité reste un passeport vers d’autres horizons, mais aussi une équation à variables multiples, où chaque choix peut transformer le voyage en véritable parcours d’équilibriste.